mardi 31 mai 2016

« Ils en ont parlé » (des accords avec Rome…)


Ce titre évoque certainement pour beaucoup, au moins chez ceux d’un certain âge, la fameuse image d’Epinal inspirée de l’affaire Dreyfus et étant en réalité double car représentant un dîner, dans la société apparemment distinguée de l’époque (fin XIX), avant et après que la conversation soit tombée dessus… Il y a, en effet, des sujets tabous qui ne peuvent être abordés sans déchaîner, chez certains, des passions comme la colère, voire la haine, lesquelles provoquent en sens opposé, par réaction, les mêmes passions, ce qui rend impossible toute discussion constructive.
                                  
En l’occurrence, toute cette histoire en rapport avec cet officier d’origine juive réveillait le sentiment exacerbé, donc passionné, et multiséculaire de l’antisémitisme, cette antipathie viscérale, ni rationnelle, ni surnaturelle comme celle envers le péché (mais non envers le pécheur), éprouvée par un bon nombre envers les descendants de ceux qui non seulement refusèrent de reconnaître le Christ comme Messie mais n’eurent que haine envers lui, poussèrent à sa condamnation, persécutèrent ensuite ses disciples puis, chassés de Palestine et répandus dans le monde (connu) devenu chrétien, n’eurent de cesse de perpétuer parmi eux les mêmes sentiments et d’autant plus que leur immense mépris pour les non-juifs les incitaient à ne pas se mêler aux autres peuples sinon pour leurs seuls intérêts ou pour en tirer profit de toutes les manières possibles et immorales (cf. le Talmud, la pratique de l’usure etc.). Si elle est compréhensible, la faiblesse humaine fait qu’elle pouvait facilement dégénérer en excès qui obligèrent même, à bien des reprises dans l’histoire, l’Eglise et ses meilleurs disciples à prendre leur défense contre ses propres fils égarés qui les persécutaient, à leur tour, de façon tout aussi injuste, voire cruelle : le chrétien ne rend pas le mal pour le mal !
                      
Aujourd’hui, un nouveau sujet tabou est apparu non à l’échelle de tout un peuple, comme la précédente affaire, mais à celle plutôt d’un microcosme, celui de la «Tradition » « canal historique » ou de la Fraternité St-Pie X ; et à propos de ce qu’une minorité très remuante dans cette déjà minorité appelle « les accords avec Rome » (avec laquelle les désaccords doctrinaux ne cessent de s’accentuer et d’être soulignés par son autorité). 
                      
Remuante donc passionnée et à un point qu’on imagine difficilement si on n’en a pas été témoin : tout sauf paisible (la paix intérieure est pourtant la marque du St Esprit…), toujours à l’affût (avec internet…), voire obsédée par les moindres nouvelles venant de Rome ou de la maison généralice de leur Fraternité comme si toute la vie ne tournait plus qu’autour de cela; incapable de réagir posément à leur réception mais les jugeant à l’emporte pièce, car avec colère, et s’échauffant encore plus entre individus semblables du même parti et les rejetant forcément, alors, avec véhémence, voire mépris; incapable donc de considérer paisiblement ou à tête reposée les choses, surtout les avis a priori opposés aux leurs. 
                      
Passionnée donc excessive, notamment en étant tranchée ou sans nuances dans ses jugements du genre : « on ne doit pas chercher à gagner l’indulgence de l’année sainte du pape François puisque son enseignement sur la miséricorde, entre autres, n’est pas orthodoxe ». Comme si l’indulgence obtenue ainsi était nécessairement mauvaise ! De même : « on ne doit rien signer avec un tel pape puisque etc.», même si celui-ci, en vertu de son pouvoir apostolique détenu légitiment et usé ici à bon escient, reconnaissait à cette Fraternité le droit à exister de façon pleine et entière dans l’Eglise, pour le salut du plus grand nombre possible d’âmes, en ne changeant rien à son fonctionnement actuel et en n’exigeant même plus d’elle de reconnaître ce qu’elle a toujours refusé de reconnaitre (la conformité à la Tradition ou la bonté de tout le concile Vatican II et de la nouvelle messe qui en est issue). Car il y a, il est vrai, un immense paradoxe, voire un mystère, à ce qu’un tel pape manifeste réellement des dispositions aussi favorables. Mais ce fait pourtant indéniable (contra factum non fit argumentum) n’a pas l’heur de cadrer avec les catégories étroites de certains esprits trop simplificateurs, voire aveuglés par leur ire endémique (manifestation d’une crainte plutôt irrationnelle ?). Ils sont ainsi devenus incapables d’y voir l’œuvre avant tout de la Providence (donc du St Esprit en personne !) qui fait depuis toujours pousser la bonne semence au milieu de l’ivraie et a l’habitude de déjouer les pronostics humains, fussent ils pour la défense de la foi ! Les béatitudes comme « bienheureux les doux etc. », « bienheureux les pacifiques etc. » leur sont devenues du chinois, totalement étrangères. Eux aussi ne sont ils pas, au fond et finalement, adeptes de la loi du Talion : le mal (le mépris et peut être la haine) pour le mal ?… 
                      
Excessive donc tombant dans la contradiction, voire le ridicule, car il n’y aurait aucun inconvénient, selon cette minorité, à gagner, cette année, l’indulgence du Puy, sans doute d’institution très ancienne mais qui ne peut être obtenue aujourd’hui que par le bon vouloir du pape régnant ou qu’en vertu du seul pouvoir du successeur de Pierre en place…
                      
Excessive donc provoquant les réactions indignées, voire courroucées, à leur tour, du parti loyaliste envers l’autorité de la dite Fraternité accusée injustement et obstinément par les premiers de trahison (elle aussi…). 
                      
Dans ces conditions, créées par elle, on ne voit pas comment il est encore possible d’aborder avec toute la sérénité nécessaire ce sujet en société ou lorsque tout ce petit monde se trouve réuni (peut être même en chapitre ?…). Qu’elle ne s’étonne et ne s’offusque donc pas d’être éventuellement mise devant le fait accompli !
                      
N’est ce pas le même problème à l’échelle de la hiérarchie de toute l’Eglise quand est abordée la question de la Fraternité St-Pie X? On comprend alors que le(s) pape(s) (déjà Benoît XVI) soi(en)t également tenté(s) d’agir motu proprio pour résoudre cette question si sensible au sommet comme à la base. 
                      
Moralité de l’histoire : quand « ils en ont parlé » sans avoir su le faire comme entre gens de véritable bonne compagnie, avec calme, courtoisie et droiture, on en arrive fatalement à ce que « ils n’en ont pas parlé » !

lundi 30 mai 2016

Les distinctions d'un pape

« Les illusions d'un pape » est le titre de la recension, dans un hebdomadaire dit de « droite » de ce mois de mai, sur une parution récente revenant sur la question du « ralliement » à la République, en tant que régime, et accablant, une nouvelle fois, à son sujet le pape Léon XIII. L'auteur de l'article nous paraît en général mieux inspiré. Sans vindicte à son égard, nous allons néanmoins défendre un autre point de vue...
                    
En 1892, ce pape publie l'encyclique « Au milieu des sollicitudes » à l'intention des catholiques de France. Identifier, alors, la résistance à son message, prônant la reconnaissance du nouveau régime, avec l'ensemble des fidèles de la Fille aînée de l'Eglise est certainement une erreur. Elle est, en réalité, le fait d'une minorité. Pour preuve, l'effondrement, d'après ce papier lui même, du parti monarchiste français après l'encyclique papale. Il ne jouissait donc plus, déjà avant, de l'appui solide de la majorité des catholiques. Celle ci se rallia, non d'abord à la république, mais à ce qui lui parut une politique sage laquelle ne condamnait nullement la monarchie en elle même mais l'exagération pratique de certains de ses défenseurs. En effet, il ne s'agissait pas pour le pape de convaincre les catholiques « d'abandonner leur attachement à la monarchie » mais de faire preuve d'un vrai souci du bien commun qui de façon réaliste devait passer, à ce moment, par un renoncement provisoire à cette forme de gouvernement, étant donné qu'elle n'a rien d'absolument nécessaire pour un Etat aux yeux de la doctrine on ne peut plus traditionnelle de l'Eglise (cf. St Thomas d'Aquin).
                    
Cette minorité avait sans doute de bonnes raisons de détester ce gouvernement républicain, persécuteur de l'Eglise. Mais c'était alors le devoir du pape d'éclairer celle la afin de bien distinguer celui ci du régime qui n'est en soi pas mauvais. Ce en quoi, loin d'empiéter dans le domaine temporel de façon indue en imposant son choix (monarchie ou république), il ne faisait qu’entériner celui déjà accepté (plus de 20 ans après son avènement) par la majorité de la population et avait avant tout en vue le bien de l'Eglise ou des âmes ; mais ni la seule survie d'un ancien régime en soi caduc, ni même celle des propres Etats de l'Eglise qui, en l’occurrence, passait au second plan. C'est le manque de docilité, voire plus, à la voix autorisée du successeur de Pierre qui a pu valoir à des monarchistes les foudres de certains confesseurs ; autrement dit, leur attachement désordonné et non celui tout court à la royauté.
                    
Que Léon XIII n'ait pas obtenu l'apaisement espéré montre surtout la détermination sectaire de ses adversaires que charitablement il n'avait pas prise à sa juste mesure. Fort de l'expérience son successeur en tiendra compte et ne transigera plus. Mais avec une grande différence car autant on pouvait transiger sur un changement de régime, autant on ne le pouvait sur la place prééminente et exclusive qui devait revenir à l'Eglise de France dans une société civile encore majoritairement et profondément catholique. En cela St Pie X fut, certes, le seul qui ait vu clair mais par rapport à l'épiscopat français et non par rapport à son prédécesseur (cf. notre article « Le Cardinal Baudrillart et Monseigneur Lefebvre, fils éminents de France et de l’Eglise »).
                    
Il n'y a de paradoxe dans l'attitude de ce souverain pontife que pour ceux qui ne l'ont pas comprise ou qui n'ont pas voulu la comprendre, par un attachement non raisonnable mais passionnel à un régime plutôt qu'à un autre, ou qui ne possèdent pas l'art de la distinction propre à tout vrai disciple de St Thomas qu'il était : ici entre le régime républicain bon en soi (comme la monarchie) et le gouvernement en place évidemment mauvais (qui aurait pu être monarchiste comme cela s'est vu dans d'autres pays). Ne pas faire cette distinction reviendrait aujourd'hui à ne pas faire, par ex., celle entre nazisme et Allemagne ! Distinguer ainsi n'est nullement en contradiction avec sa condamnation claire et vigoureuse du libéralisme car il fait aussi partie de la pratique traditionnelle de l'Eglise de tolérer, parfois, ce qu'elle condamne. Cela n'a rien d'une attitude libérale sauf pour ceux qui de nouveau ne savent pas distinguer la tolérance vraiment catholique de la soi-disant telle des libéraux qui n'en est pas une car elle n’existe qu’envers ce qui est mal à ses yeux alors que soit ce qui est mal pour nous est bien pour les libéraux, soit ce qui leur paraît tel ne doit plutôt pas être permis selon eux: « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » (cf. le génocide vendéen sous la Révolution, par ex., d'esprit libéral en dépit des apparences...). Car ils ne connaissent pas davantage la charité mais n'ont que haine envers leurs adversaires.
                    
Le vrai paradoxe est qu'une telle attaque contre ce pape accusé d'être libéral trouve sa place dans un hebdomadaire qui, bien que réputé « de droite », ne fait de l'antilibéralisme (philosophique - celui condamné par Léon XIII – à ne pas confondre avec l'économique) ni son fond de commerce, ni son cheval de bataille, bien au contraire. En fait, il n'existe, aujourd'hui en France, aucun grand media antilibéral comme il en existait à l’époque de ce pape (« L'Univers » de L. Veuillot, par ex.). Comme il n’existe aucun grand parti politique antilibéral à l'instar du parti légitimiste d'alors, vrai et seul parti de « droite » contre tous les autres issus de la Révolution, plus ou moins de « gauche » ou se réclamant tous du principe libéral par excellence qu'est la liberté de conscience ou la primauté de celle ci sur la vérité, donc sur Dieu ; et par conséquent celle des fameux « droits de l'homme » sur ceux de Dieu : autant d'erreurs graves condamnées sans concession par le grand pape Pecci, entre autres. Il est donc pour le moins cocasse que ces libéraux se croient autorisés à lui donner une leçon d’antilibéralisme ! 
                    
Quant à l'auteur du livre, nous distinguons l’historien du philosophe ! L’historien qui apporte les matériaux que sont les documents et témoignages ; et le philosophe qui en affine l’interprétation. Or les jugements nous paraissent ici manquer singulièrement de nuances donc de justesse (comme dans l’interview donnée ce 21 mai dans un quotidien plutôt bien pensant). Que Pie IX ne fusse pas d’une nature portée à la diplomatie, peut être ? Mais en tant que pape, il était entouré d’une curie dont la réputation en la matière est universellement reconnue depuis des siècles et dont la pratique comporte nécessairement certains compromis comme, par exemple, tous les concordats. Que Léon XIII fut d’un naturel plus diplomate, sans doute. Mais user du compromis n’est donc pas le propre d’un esprit libéral ou manquant de surnaturel, bien au contraire. Car c’est la charité, l’âme de l’Eglise depuis toujours, qui est la cause de son art bien à elle de la concession qu’on appelle aussi tolérance (la vraie, la catholique) et qui parfois fait éviter concrètement « la lutte ouverte contre l’ennemi » dont en théorie on condamne pourtant sans ambages les faux principes. Telle est aussi l’attitude pastorale, c’est-à-dire à l’image de celle du Bon Pasteur et du Sacré Cœur, qui consiste à ne pas appliquer brutalement ou avec rigorisme la doctrine mais avec une patience inlassable, au risque de paraître peut être incohérent ou de ne pas être compris (scandale des faibles). De plus, avant d’opposer ces deux papes sur une même question, il faut avoir la connaissance parfaite de toutes les circonstances en lesquelles chacun a agi et qui ont fort peu de chances d’être identiques. Et il est un peu trop facile de reprocher au dernier, plus d’un siècle après les évènements, de ne pas avoir bien su prévoir le degré des mauvaises dispositions des ennemis de l’Eglise face à lui ! Enfin établir un parallèle, voire un rapport de cause à effet, entre le ralliement de Léon XIII et celui de Vatican II (à l’esprit du monde), c’est ne pas voir plus loin que le mot lui-même (ralliement) car il y a, en réalité, au moins une différence essentielle : d’un côté, une seule concession pratique et aucune quant à la doctrine de l’Eglise ; de l’autre, de multiples concessions d’abord doctrinales puis pratiques. Cette thèse ne s’en prend en définitive qu’à une chimère!

samedi 28 mai 2016

Jeanne, son anneau et les « migrants »

A l’occasion de la Ste Jeanne d’Arc, vraie fête nationale ou patriotique de chaque deuxième dimanche de mai, nous avons, cette année, fêté au moins dans nos cœurs la nouvelle et merveilleuse victoire qu’elle vient de remporter en subtilisant au nez et à la barbe des Anglais, mais en toute loyauté, un anneau à elle tombé en leur possession, il y a près de 600 ans, afin qu’il soit de retour sur le sol de sa patrie et redevienne la propriété de son peuple : Deo gratias ! Plaise à Dieu qu’elle en remporte encore une de nos jours mais digne d’elle ou de son esprit éminemment chevaleresque, c’est-à-dire on ne peut plus chrétien !...

Reportons nous, tout d’abord, à son époque où, s’adressant à Henri VI, elle lui dit : «Roi d’Angleterre, si vous ne le faîtes ainsi, je suis chef de guerre et en quelque lieu que j’atteindrai vos gens en France, je les en ferai aller, qu’ils veuillent ou non. Et, s’ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire. Je suis envoyée de Dieu, le roi du Ciel, corps pour corps, pour vous chasser de toute la France».

Une telle et parfaite assurance de la part d’une vraie jeune fille (pas garçon manqué), paysanne et bergère d’à peine 17 ans, n’a rien de naturel ou d’humain mais est sans aucun doute surnaturel ou l’œuvre extraordinaire du St Esprit qui depuis son enfance possède cette âme car elle a toujours docilement correspondu à ses moindres inspirations. Pour preuve que cette parole ne fut nullement celle en l’air d’une fausse illuminée mais une véritable prophétie, c'est qu'elle se réalisera à la lettre !

Peut-on appliquer à notre situation présente ces paroles inspirées ? Elles semblent, en effet, une nouvelle fois, d’actualité dans notre histoire nationale avec ces fameux « migrants » qui, en grand nombre et par hordes, envahissent l’Europe, de façon générale, et la France, en particulier.

La raison immédiate de la mission de Jeanne fut l’invasion illégitime aux yeux de Dieu de la France, même si pas aux yeux de légistes et casuistes retors, par un roi étranger et son armée afin de faire passer notre pays sous sa couronne. Et sa fin fut donc de les renvoyer chez eux car, comme elle le leur dit aussi sous les murs d’Orléans, la veille de la reprise de la ville: «si vous tenez à retourner vivants en Angleterre, ne continuez pas à faire fi des ordres du Ciel qui veut les rois chacun chez soi!».

Chaque roi, ou chaque peuple représenté par lui, doit donc se contenter du territoire que la Providence lui a assigné, comme chacun doit se contenter des biens qu’il possède légitimement et ne pas prendre de force ou voler ceux qui appartiennent au voisin sauf, enseigne la morale, quand il manque du strict nécessaire pour survivre et que ce strict nécessaire lui est refusé par qui peut lui en faire l’aumône et en a alors le devoir. Cet état de nécessité n’était évidemment pas le cas du roi ou du peuple anglais de l’époque de Jeanne, même s’il était peut être moins bien pourvu, moins riche que le roi ou le peuple français. Eut-il été pauvre, ce qu’il faut distinguer de l’état de misère qui est le manque du nécessaire, que cela n’aurait pas justifié le vol, la violence ou la razzia comme moyens de s’enrichir. Les légitimes sont avant tout le travail ; puis l’acquisition contractuelle en bonne et due forme de nouveaux biens quand on en a les moyens. Tels sont les bons principes que l’Eglise a mission de rappeler, notamment aux gouvernants!...

Pour résoudre, de ce point de vue, la question d’actualité, il est clair que les populations « migrantes » ont investi des territoires de notre pays qui ne leur appartiennent pas, même si avec le consentement de leur propriétaire qu’est a priori l’Etat. Mais il représente le peuple français qui l’a acquis à la sueur de son front ou par ses impôts ; et l’a souvent défendu au prix de son sang. Or dans son ensemble ou dans sa partie saine d’esprit, il ne semble pas consentir à le leur céder au moins gracieusement (surtout pour la raison développée ci-dessous en 2ème partie).

Par contre, il est également clair que ces populations étant de fait présentes et dans le dénuement, on a le devoir de leur venir en aide comme le samaritain de l’Evangile. Mais leur présence et leur misère actuelles ne constituent aucunement un droit pour l’avenir à rester chez nous, du moins en droit romain sinon en droit musulman... Reste donc à établir si leur migration ne fut vraiment motivée que par l’état de nécessité (cf. la raison développée ci-dessous en 2ème partie) ou si l’état de guerre les obligeait réellement à quitter leur pays (cf. exodes en France de 1914 et 1940, pour ne parler que des plus récents, qui n’eurent lieu que dans les limites du territoire national).

Dans la négative, les mesures devraient être décidées sans délai pour leur rapatriement.

Dans l’affirmative, combien de temps leur présence sera-t-elle encore légitime ou à partir de quand devront elles retourner chez elles en ayant le minimum convenable pour y vivre?

Les réponses concrètes et appropriées à ces deux hypothèses n’appartiennent qu’à ceux qui ont autorité afin de bien juger, ayant pour cela la connaissance de tous les tenants et aboutissants, à savoir les gouvernants. Malgré tous les soupçons mauvais et fondés qu’on peut nourrir à leur égard, prenons néanmoins garde à ne pas porter des jugements de façon hâtive, sommaire, simpliste, sans sérénité ou sous le coup de la colère, téméraire en un mot!

Par contre, nous aurions raison de relever une différence de poids entre la situation présente et celle du début du XVème que nous prenions comme référence. Si les étendards des deux princes en présence, Henri VI et Charles VII, étaient adversaires, leur bannière (religieuse) était, en revanche, la même, celle de la seule religion catholique. Aujourd’hui, non seulement les étendards sont opposés mais aussi et surtout les bannières: christianisme contre islam ! La réalité présente diffère donc d’alors et est, en vérité, beaucoup plus grave car ce ne sont pas seulement et somme toute que des biens matériels qui sont menacés mais aussi et surtout la foi elle-même, tout notre héritage spirituel ; et d’autant plus que l’on connaît bien l’esprit violemment conquérant, très intolérant du mahométisme envers les autres religions et tout spécialement envers le christianisme ; et, qui plus est, son incapacité non seulement à séparer (qui, elle et elle seule, n'a rien de mal en soi) mais même à distinguer réellement le temporel du spirituel.

De ce point de vue, Ste J. d’Arc n’est alors plus une référence suffisante ou adéquate. Il faut se reporter près de deux siècles plus tard lorsque deux religions se firent physiquement la guerre sur notre territoire national pendant de longues années, avec beaucoup de cruautés, propres aux guerres civiles, qui plus est religieuses, et des dommages matériels, et plus encore spirituels, considérables, à commencer par l’ignorance religieuse au moins dans les populations les plus pauvres et les plus exposées des campagnes dont plusieurs générations ne reçurent plus d’instruction religieuse (cf. vie et fondations de St V. de Paul, par ex.), entre autres, à cause de cet état de guerre. Le roi de France lui-même, Henri IV, avait été un protestant militant avant de revenir au catholicisme. Mais, une fois le silence des armes revenu, il promulgua le fameux Edit de Nantes, chef d’œuvre de tolérance catholique et non libérale car il ne met pas une fausse religion sur un pied d’égalité avec la seule vraie. Tout en ne reconnaissant que le catholicisme comme seule religion officielle, il accorde une certaine liberté, limitée et restreinte, au culte protestant. Celui ci ne concernait pourtant qu’une partie infime de la population, en général, mais davantage au niveau de la haute société ou des puissants, capables d’inquiéter la couronne, comme ils venaient de le montrer. La prudence et la sagesse commandaient donc une telle attitude politique, nullement condamnée par l’Eglise, pour le plus grand bien des âmes, pour éviter la reprise de la guerre. Celle-ci est, à la vérité, l’un des pires dommages pour elles, plus encore que pour les corps et les biens matériels.

Or sans même parler des « migrants » actuels, il y a désormais en France une partie importante de sa population (30% de ses naissances actuelles !), établie depuis au moins deux générations, qui est musulmane. Quelle doit être la politique à leur égard?

Plutôt que devrait-elle être ? Certainement pas celle, qui a cours, de la fausse tolérance libérale qui, au nom de la sacro-sainte liberté religieuse, donne en principe à l’islam autant de droits qu’au catholicisme ; et probablement plus dans les faits à cause de l’anticatholicisme viscéral, appelé « laïcité », des élites depuis au moins 150 ans!

Doit elle être, à l’extrême opposé, celle d’un Charles Martel, semblable en cela à celle de Ste J. d’Arc disant à Henri VI : « si vos gens ne veulent obéir, je les ferai tous occire » ? Toute guerre, comme la peine de mort, est une décision gravissime qui, d’abord, ne peut être légitimement prise que par le gouvernement d’un pays et qui, ensuite, ne doit l’être que quand on a épuisé tous les autres moyens afin de préserver la partie essentielle du bien commun qu’est la paix, pour les raisons déjà sommairement données ci-dessus; et en tenant compte de toutes les circonstances, notamment de celles très différentes entre notre époque et le VIIIème siècle comme, par ex., le fait qu’en ces temps lointains le danger venait d’envahisseurs vraiment constitués en armées, bien moins nombreux et non établis dans le pays donc bien plus faciles à vaincre et à éradiquer ; et que, désormais, déclencher une guerre, c’est risquer des dommages collatéraux immenses sur les populations civiles, prises en otages, en raison de la puissance effrayante des armements accessibles presque au tout venant (même les nucléaires).

Reste donc à envisager la solution de la tolérance non libérale semblable à l’Edit de Nantes. Mais elle suppose un gouvernement assez fort, militairement et surtout moralement, pour la faire respecter aussi bien par les autochtones de culture chrétienne que par les éléments hétérogènes de culture musulmane...

Nous laissons cependant la question ouverte car, encore une fois, il ne nous appartient pas de trancher mais seulement aux gouvernants, eux seuls ayant reçu de Dieu l’autorité légitime et la grâce d’état pour cela avec tous les moyens, dont ils disposent, eux seuls aussi, d’analyser de la manière la plus exacte possible toutes les circonstances du moment.

Mais il est malheureusement clair que nous manquons cruellement, de nos jours, de gouvernants, au pouvoir ou susceptibles d’y parvenir, ayant les qualités requises pour appliquer cette vraie tolérance, voire pour recourir à la force, avec toute la sagesse et tout le courage que l’une et l’autre solutions exigent... Il faut donc vraiment bien prier notre sainte patronne nationale pour que Dieu en suscite. Et cela semble urgent!

Cela vaut aussi, d'ailleurs, pour l’Église envahie de nos jours par des doctrines étrangères et infiltrée par des âmes corrompues qui ruinent sa foi et sa discipline. Or, pour venir à son secours ou à celui de sa tête, le Ciel utilisa également dans les siècles passés des instruments bien humbles et surprenants comme, par exemple, la très modeste aussi Ste Catherine de Sienne dont l'intervention, sans aucun doute inspirée, poussa les papes, longtemps réfugiés en Avignon mais passés sous la coupe d'une puissance étrangère, à rentrer à Rome, leur siège spirituel à perpétuité et la capitale temporelle, alors, de leurs Etats. Pour que le souverain pontife d'aujourd'hui ramène la Barque de Pierre à bon port ou dans son orthodoxie, la Rome de toujours, que notre Jeanne nationale daigne joindre ses prières à celles de sa semblable, patronne de l'Italie, et aux nôtres!

mardi 3 mai 2016

N’est pas Rivarol qui veut

Monsieur le Rédacteur en chef de « Rivarol » ne décolère pas après ceux qui ont osé s’en prendre à lui comme il s’en prend à autrui à longueur de colonnes. Il est surprenant que, quand on passe le plus clair de son temps à répandre son fiel, on puisse encore s’étonner de récolter ce qui n’est somme toute qu’un peu de celui-ci en retour : ne récolte-t-on pas ce qu’on sème ? 

Quand on en arrive à ce que cela vienne autant de ce qui paraît a priori être son camp (un forum qui se dit quand même catholique) que de l’ennemi (les anticatholiques affichés et enragés de « Canal + », par exemple), la raison voudrait qu’on s’interroge, qu’on fasse un examen de conscience plutôt que de persévérer comme un insensé : « perseverare etc. ». A défaut de cela, qu’au moins notre nouveau « Monsieur de Rivarol » se demande s’il est fidèle à l’image du premier porteur du nom (1753-1800) !

La pensée de celui-ci n’a rien d’étroit ou de partisan car, bien qu’attaché de cœur à l’Ancien Régime, il est intellectuellement plutôt du côté des Lumières, de la liberté politique plutôt que de l’autoritarisme monarchique. 

Son style est encore, à n’en pas douter, celui du Grand Siècle dont il s’est nourri comme un E. Rostand dans son Cyrano; et dont il s’est repu de façon insatiable autant par la littérature que par la fréquentation d’une haute société parisienne qui, juste avant la Révolution, le perpétuait encore. Il est donc celui d’une intelligence vive et pétulante, aisément taquine ou percutante mais avec un bel esprit de finesse, voire d’humour, qui ne se départit jamais totalement de respect ni même de bonté. 

Il n’a donc rien de l’illuminé ou de l’idéologue qui ne respecte rien et qui est prêt à tout briser pour imposer à la terre entière ses petites vues humaines. Rien ne lui est plus insupportable. Voila pourquoi il s’est farouchement opposé, comme l’on sait, aux révolutionnaires de 1789 : à leur absence d’art de vivre plus qu’à leurs pensées profondes!

Quoi de commun, alors, avec le « Rivarol » d’aujourd’hui ? 

Quant à sa pensée, bien qu’il s’en défende en s’empêtrant dans ses contradictions, évidentes sont ses sympathies pour une Europe national-socialiste fondée avant tout ou essentiellement sur une philosophie néo païenne formellement condamnée, en son temps, par l’Eglise (philosophie accessoirement seulement antimaçonnique, anticommuniste etc.). Ce qui est déjà pour le moins surprenant de la part d’un catholique pour qui la fin ne justifie normalement pas les moyens. Mais c’est surtout par le caractère tyrannique très prononcé de ce régime qu’il est en opposition flagrante avec notre bon Monsieur de Rivarol.

De même, comment imaginer que celui qui s’est opposé, au péril de sa vie [1], à la barbarie révolutionnaire se serait risqué à minimiser la culpabilité d’un régime capable de massacrer atrocement dans des camps de concentration ne serait ce que quelques milliers, voire même que quelques centaines, de victimes (juives [2] mais pas seulement, loin s’en faut). Serait ce moins barbare que d’en avoir torturé et tué plusieurs millions ? Et quant au nationalisme soi disant exemplaire de ce même gouvernement, il l’aurait tout autant exécré quand on sait par quels moyens furent annexées les régions considérées par lui devoir faire partir de ce nouvel empire germanique. 

Quant au style, il suffit de relever le comportement très choquant du successeur d’Antoine de Rivarol envers, entre autres, les autorités de F.S.S.P.X bien que paraissant un farouche défenseur de la Tradition catholique ; sans parler de celui envers le pape lui-même dont les égarements graves, il est vrai, ne peuvent justifier un tel irrespect digne des pires ennemis de l’Eglise. Hitler - oui, jetez le masque, Monsieur ! - tout catholique qu’il fut de naissance, a-t-il agi autrement avec la hiérarchie de son temps ? Or « un royaume divisé contre lui-même peut il subsister ? » [3], répondait pertinemment Jésus à ceux qui l’accusaient de chasser les démons au nom de l’un d’entre eux. Donc de deux choses l’une : ou l’on est pour le bien de l’Eglise et de sa Tradition et on n’agit pas publiquement de la sorte ; ou l’on ne l’est pas vraiment et tout s’explique...

En polémiquant, Monsieur de Rivarol était sans merci contre la brutalité des nouveaux tyrans de la fin du XVIIIème mais visait juste et avait la manière.

Son prétendu « alter ego » n’en a ni la justesse de vue, ni la façon ; avec, en plus, l’assurance d’un prophète, qu’il n’est bien sûr pas, donc une immodestie fort déplaisante. 

N’est pas Rivarol qui veut !

B.Y.
[1] a dû fuir la France en 1792 jusqu’à sa mort

[2] bien que déicides, les juifs ont toujours été tolérés par l’Eglise et même protégés par elle contre leurs persécuteurs, étant fidèle en cela à la pensée de St Thomas d’Aquin (II II, 10, 11, par ex.)

[3] parole que feraient aussi bien de méditer certains clercs de ladite Fraternité qui, dès qu’ils ont une once de pouvoir, en abusent pour non seulement juger urbi et orbi et sans égards le pape, les évêques etc. mais même pour afficher leurs désaccords avec leur propre supérieur général. « Le linge sale se lave en famille », dit pourtant le bon sens populaire !