mercredi 17 octobre 2018

La faiblesse humaine de l’Eglise et sa divinité

Les ennemis de l’Eglise, soutenus par la cinquième colonne de ses imbéciles utiles, font leurs choux gras dans les media de découvertes sordides sur les mœurs d’une poignée de ses ministres. Face à l’ampleur relative de ces désordres il est fort probable qu’ils aient profité, d’abord, de l’incroyable laxisme qui y règne depuis belle lurette, notamment au niveau du recrutement dans les séminaires ; puis de la complicité des loups déjà introduits dans la bergerie ; le tout pouvant être le fait de ces ennemis, comme, fait avéré, les agents communistes infiltrés dans sa hiérarchie, sans parler des francs-maçons. Mais à qui nuisent-ils ? Aux plus fragiles ou aux moins convaincus de ses membres, sans doute relativement nombreux de nos jours ? Malheureusement oui ! A l’Eglise elle-même ? Certainement pas !
     
Comme l’on dit, elle en a vu d’autres depuis 2000 ans ! Plus de deux millénaires, en effet, que les suppôts de Satan s’efforcent par tous les moyens de faire disparaître le catholicisme : en vain ! Puisque même le martyre n’y a rien fait : « sang des martyrs, semence de chrétiens » ! Satan lui-même et les démons le savent très bien ou ne se font aucune illusion sur le résultat final de leurs menées. Mais ils laissent, voire poussent, leurs conquêtes humaines, bien moins instruites et lucides qu’eux, à se déchaîner, quitte à s’y casser les dents génération après génération, afin de seulement et misérablement assouvir leur haine inextinguible de Dieu et de tout ce qui est à lui et de lui.
     
Et tout cela n’arrive, bien sûr, qu’avec sa permission car Il est capable de transformer le mal en bien, comme des pierres en fils d’Abraham aussi nombreux que les étoiles du ciel et que les grains du sable. En effet, la faiblesse humaine de l’Eglise catholique ou de ses membres au cours des siècles, qu’on peut dire, à l’expérience, sans bornes, et qui, à vue humaine, aurait dû depuis bien longtemps avoir raison d’elle, à commencer par les déficiences fréquentes et grandes dans son gouvernement ordinaire, ne rend elle pas plus évidente la divinité de cette société ?
      
Tout d’abord par la pérennité sans pareille et visible de sa tête qu’est son siège à Rome avec laquelle ne peut rivaliser aucune autre société humaine, religieuse ou pas, faisant suite, en plus, à celle de la Jérusalem hébraïque puis juive d’avant le Christ. D’autant plus que ce maintien de son autorité suprême va de paire avec celui, non moins visible, de toute l’institution telle qu’elle a été fondée par le Christ, aussi bien dans l’organisation fondamentale que dans la substance de l’enseignement laissé en dépôt, ce qu’on appelle son apostolicité, c.à.d. son unité parfaite avec l’époque des Apôtres. Nonobstant la petite parenthèse, à l’échelle de la vie de l’Eglise ici-bas, que nous vivons depuis plus de 50 ans ou depuis le Concile Vatican II… Même au milieu de cette crise terrible, comme au travers de toutes les précédentes (persécutions sanglantes et hérésies sans nombre en son sein), l’Eglise romaine continue au moins dans sa tête et dans ses membres visiblement attachés à elle ainsi qu’à son apostolicité. Car il n’est pas question, ici, de raisonner en majorités ou avec le faux esprit démocratique mais d’après le seul Evangile : « il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus » (Mt, 20…
     
Même si le nombre de ses membres diminue considérablement il demeure néanmoins assez important pour mettre en évidence l’autre caractéristique unique de l’Eglise qui lui valu depuis toujours son premier qualificatif, reconnu honnêtement ou nécessairement par ses adversaires, à savoir sa catholicité, son universalité également visible, aujourd’hui comme hier, ou le maintien au moins de noyaux de membres authentiques sous toutes les latitudes et longitudes. Elle est, à présent, d’autant plus remarquable et inexplicable (humainement…) que partout se font sentir les effets d’une conspiration puissante et souvent tyrannique contre sa doctrine ou sa morale, voire contre sa présence (pays totalitaires communistes, musulmans etc.). Et cela encore d’autant plus que, parmi ses vrais fidèles, elle est accompagnée d’une unité de pensée (de foi) et d’action (obéissance dans la ligne de la foi) qui, au simple regard humain, étonne et émerveille car, aujourd’hui comme hier, elle aurait pu ou dû depuis très longtemps voler en éclats en raison de cette dispersion et face à l’importance et à la malignité de l’adversité.
      
Avec tout cela va encore de paire un autre caractère distinctif de l’Eglise dont l’affirmation pourrait paraître déplacée au regard des faits infiniment déplorables rappelés au début : sa sainteté également visible… Oui ! nous l’affirmons sans peur car, là encore, il n’est pas question du nombre de ses membres saints. S’il ne se trouvait, à toute époque, qu’un seul catholique brillant parmi tous par l’éclat d’une sainteté transcendante et de loin sans pareille, cela suffirait à dire l’Eglise sainte, c.à.d. ayant la capacité unique à rendre tel, d’abord, par sa doctrine et l’exemple de son divin fondateur ; ensuite par tous les moyens spéciaux et surnaturels, institués par le Christ, de produire la sainteté dans toute âme de bonne volonté que sont, en gros, ses sacrements. Or, même actuellement, dans son dramatique état interne de déliquescence, l’Eglise, par la bouche de l’ensemble, sinon de la totalité, de ses pasteurs, en commençant par le pape, continue à défendre la morale exigeante qui la singularise, notamment dans son rejet total, clair et ferme de l’avortement, du « mariage pour tous », des P-M-A et G-P-A, de l’euthanasie etc., à l’encontre de toutes les autres institutions dominantes, religieuses et civiles, sur cette terre. Et grâce à cela et malgré cela il se trouve partout des membres de cette Eglise, à côté de ses autres membres, certes, infidèles et indignes, pour vivre conformément à ces exigences (avec l’aide nécessaire des sacrements), ce qui, ne serait ce qu’en raison de leur minorité, est un début de l’héroïcité que l’Eglise elle-même exige, à un niveau sublime, pour déclarer « saint » ou « canoniser » l’un de ses membres. Honneur décerné, de fait, qu’à un tout petit nombre.
   
Or comment expliquer la présence simultanée, constante et visible de ces quatre propriétés (apostolicité, catholicité, unité et sainteté) exceptionnelles, chacune étant pourtant si difficile, voire impossible, à réaliser dans les temps et espace si vastes que la durée de ce monde et l’étendue de cette terre, sinon par une assistance spéciale, une force surhumaine ou miraculeuse qui ne peut venir que de Dieu (le Saint Esprit envoyé par Jésus à la Pentecôte) pour faciliter, à tout moment de l’histoire, aux esprits droits la reconnaissance de l’unique Eglise fondée par lui en vue de conduire de la façon la plus sûre les âmes au salut éternel jusqu’à la fin des temps ? Pour cette raison, en plus de son divin fondateur, on peut alors la qualifier de divine. Plaise à Dieu que nous ne soyons pas de ceux qui « regardent sans regarder et écoutent sans écouter et sans comprendre » (Mt, 13)!
     
Y. Bertrand

samedi 21 juillet 2018

L’équipe de France et la Fraternité

La victoire retentissante au niveau mondial, que notre pays vient de célébrer comme il convient, a été avant tout celle d’une équipe (remplaçants et encadrement compris) et non de la somme de talents individuels (réels et aussi indispensables). Tel est le message qu’entraîneur et joueurs n’ont de cesse de faire passer et dont la vérité est mise en évidence par le documentaire et reportage sur la vie interne du groupe, pendant la préparation prochaine et le déroulement de la compétition, qui a été diffusé juste après. Le parfait esprit de camaraderie qu’il révèle en même temps que la non moins parfaite unité par rapport à l’autorité sont aussi émouvants à découvrir que le triomphe qui s’en est suivi.

Dans le milieu catholique traditionnel où il est de bon ton de balayer d’un revers de main méprisant les évènements mondains, non sans, assez souvent, quelques bonnes raisons, on serait bien inspiré de méditer cet exemple de belle réussite, certes que mondaine, comme le Nouveau Testament nous y invite, parfois, par manière de parabole (les coureurs du stade, l’intendant malhonnête, par ex.). Oui, tout spécialement à l’aube d’un nouveau et relativement long règne à la tête de la Fraternité St Pie X, on ne peut s’empêcher de penser aux divisions graves qui ont marqué et gâché le règne précédent, en honorant fort mal son beau nom (« Fraternité »), et qu’il ne faudrait, d’ailleurs, pas croire trop vite totalement disparues ou non encore latentes.

Sans doute est-il beaucoup plus difficile d’établir un parfait esprit d’équipe dans un tel groupe de près d’un millier de membres (sans compter bien sûr les fidèles par dizaines de milliers) dispersés sur la terre entière qu’au sein d’une cinquantaine de personnes vivant en un petit vase clos et motivées par de très séduisantes récompenses terrestres à court terme. Naturellement parlant il est évident que c’est même impossible ! Mais n’est-on pas censé vivre là au niveau surtout surnaturel, c.-à-d. de la foi, de l’espérance et de la charité qui rendent cela tout à fait possible et normalement encore plus parfait comme à l’échelle de l’Eglise tout entière ? On peut donc parler d’un certain échec de cette Fraternité non seulement en interne mais aussi en externe car comment son influence n’en pâtirait elle pas sur les âmes, en général, et sur les esprits romains, en particulier, qu’elle veut tous ramener à la pure Tradition de l’Eglise ? Les derniers, fins politiques, ont beau jeu, alors, d’exploiter cette faiblesse pour leurs desseins pas nécessairement très catholiques…

Qu’est ce que le véritable et parfait esprit d’équipe ou de fraternité ? C’est, tout d’abord et au moins, le règne d’une bienveillance sincère, et non de façade, entre tous les membres. C’est aussi celui d’une véritable confiance mutuelle qui donne à chacun l’assurance de la solidarité inconditionnelle. Ce sont surtout le respect et la confiance non moins réels envers l’autorité laquelle, en retour, assure, alors mais dans ce cas seulement, la parfaite unité d’action du groupe avec une efficacité maximale.

A cela s’oppose tout le mal causé au prochain, en général, et à l’autorité, en particulier, par la langue ou la plume: persifflage et mauvais esprit qui entraînent forcément désobéissance ou refus de coopérer à l’œuvre commune du groupe pour lui préférer ses petites vues et fins « perso ». A ce sujet nul ne peut ignorer les graves avertissements de St Jacques et, à sa suite, de tous les maîtres spirituels dont celui-ci stigmatisant le bavard : « toute sa vie de fond passe sur ses lèvres et s’écoule dans les flots de paroles qui emportent les fruits de plus en plus pauvres de sa pensée et de son âme. Car le bavard n’a plus le temps et bientôt plus le goût de se recueillir, de penser ni de vivre profondément. Par l’agitation qu’il crée autour de lui il empêche chez d’autres le travail et le recueillement féconds. Superficiel et vain le bavard est un être dangereux » (R.P M.-Eugène de l’E.-J., o.c.d.) ! « Dangereux » car c’est de cette perte de la charité que découle sans doute, entre autres, l’esprit de parti ou d’a priori défavorable par lequel on n’accorde sa confiance qu’aux uns et pas aux autres en excluant, de fait mais sans aucun droit, ces derniers du groupe.

Sans doute le charisme naturel du chef joue-t-il dans l’unité également naturelle d’un groupe mais il n’est pas nécessaire au niveau surnaturel où nous nous situons et où c’est l’action de la grâce ou du St Esprit qui est primordiale. Donc son absence ne peut en aucune façon excuser la rébellion.

Comme l’équipe de France de balle au pied, et bien plus encore, la Fraternité St Pie X est engagée dans une compétition de niveau mondial dont l’objectif est la contribution au salut éternel du plus grand nombre d’âmes. D’abord, certes, par les moyens surnaturels mais sans mépriser les naturels dont Dieu est aussi l’auteur. Comme celui-ci consacré par l’adage : « on n’attire pas les mouches avec du vinaigre ». Comment, en effet, provoquer l’enthousiasme pour la Tradition, que l’on incarne, sans afficher comme nos actuels champions du monde de parfaites entente et unité ? Car de là découlent le grand bonheur du « vivre ensemble » puis le succès quasiment assuré ; donc la joie intense, communicative et contagieuse…

mardi 19 juin 2018

La santé de l'Eglise et de la Fraternité Saint-Pie X

C’est une évidence que, depuis des décennies, le corps de l’Eglise, dans sa composante humaine ou faillible, est malade et même très gravement malade. Car, comme un corps physique qui l’est également, il ne parvient plus à se défendre contre ce qui porte atteinte à son intégrité. Son système immunitaire est défaillant. La preuve de sa santé est, en effet, sa capacité à réagir comme il faut aux attaques contre son bien commun fondamental qu’est la foi, soit en elle-même, soit en ce qui lui est connexe dans la doctrine ou dans la discipline.
     
Cela se constate, tout d’abord, dans la sa manière de tenir ses conciles convoqués justement pour définir, dans la concertation la plus large et sereine possible de l’ensemble de ses principaux chefs et sages et l’invocation spéciale du St Esprit (charisme d’infaillibilité), les moyens adéquats de remédier aux maux les plus graves d’une époque. Trois exemples suffisent à l’illustrer. Le tout premier concile, qui a réuni les Apôtres, a ainsi résolu la question, disputée entre les judéo-chrétiens et St Paul, des prescriptions mosaïques pour les nouveaux chrétiens issus du paganisme. Le concile de Trente (XVIème) fut réuni pour réfuter les erreurs protestantes et réformer en profondeur la discipline de l’Eglise, notamment pour la formation des prêtres, et lui procurer ainsi comme un nouveau départ qui se solda notamment, en quatre siècles, par des gains considérables en pays de mission, à commencer dans le Nouveau Monde. Le concile Vatican II l’illustre aussi mais malheureusement comme contre-exemple. On pouvait s’attendre, en effet, à ce qu’au moins il s’occupe à réfuter aussi, de façon plus radicale et solennelle, les principales erreurs graves (qui divisent alors que la vérité unit) circulant dans l’Eglise depuis les cent dernières années (libéralisme, modernisme etc.) bien que déjà vigoureusement condamnées par les papes, notamment par St Pie X et Pie XII, mais manifestement sans en être éradiquées. Il n’en fut rien puisque ce fut tout le contraire qui arriva, à savoir le triomphe officiel et incroyable, dans et par le concile lui-même, de ces erreurs dont le pendant (et le châtiment) fut la peau de chagrin à laquelle devint vite réduite l’Eglise!
     
Un autre constat de la santé ou non de l’Eglise est dans l’attitude de son chef suprême. Nous venons de citer St Pie X qui en est l’un des plus beaux exemples et encore proche de nous ; et auquel on doit, en majeure partie, l’œuvre magnifique accomplie partout par l’Eglise jusqu’à Pie XII inclus. Car, à lui tout seul, il a réalisé une œuvre comparable à celle du grand Concile de Trente, à la fois dans la réfutation des graves erreurs contemporaines et dans les réformes disciplinaires à mettre en œuvre afin d’y remédier en profondeur. Le « bon pape Jean » en est aussi une illustration mais malheureusement a contrario : par son optimisme béat, volontariste, sorte de positivisme moral, à ne voir que les bons côtés ou petites parcelles de vérité dans le monde présent ou dans les autres religions alors que leurs erreurs et égarements graves y crèvent les yeux ! D’où son refus de les condamner, par une conception faussée de la charité, soit en tant que pape, soit dans le concile convoqué par lui. Certes, selon St Paul, la charité « se réjouit de la vérité, ne tient pas compte du mal, excuse tout ou supporte tout » (I Cor, 13) ; mais, aussi selon le même, elle « proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace, exhorte etc. » (II Tim, 4). Et on ne connait que trop la suite, toujours plus catastrophique, jusqu’à aujourd’hui…
     
La facilité de diffusion du mal dans un corps est encore une preuve de son manque de santé. L’Eglise est déjà passée par un tel état dans son histoire : lors de la crise arienne (IVème) où, comme il a été dit, un matin, le monde se réveilla arien ! En effet, la plupart des évêques, ainsi que l’empereur romain, devinrent ariens ou semi-ariens. Même un pape de cette époque, Libère, semble avoir eu quelque faiblesse. Ce qui explique que le grand héraut et héros de la foi d’alors, St Athanase, fusse tant persécuté et plusieurs fois chassé de son siège épiscopal. La situation fut analogue, lors de la crise protestante, dans l’Europe, alors, toute catholique, où près de la moitié bascula totalement, clergés, princes et fidèles, dans l’hérésie et où les catholiques demeurés fidèles furent violemment persécutés. N’a-t-on pas connu la même chose au XXème à l’occasion du concile Vatican II où un semblable vent de folie, et non le St Esprit, semble avoir encore soufflé dans l’Eglise et entraîné la quasi totalité des évêques à signer des textes, approuvés ensuite par le pape, totalement novateurs et formellement opposés à sa Tradition bimillénaire?
     
Toute proportion gardée, ce qui vaut pour l’ensemble de l’Eglise vaut aussi pour chacune de ses parties. A la veille d’un nouveau chapitre électif pour la Fraternité St-Pie X, moment majeur de sa vie ou pour son avenir, il n’est pas inutile de se le rappeler. Il est, en effet, un peu comme un concile à l’échelle de cette congrégation. Il se présente a priori bien car, à la différence du corps global de l’Eglise, elle paraît un corps sain. Car sa raison d’être fut la réaction claire et ferme aux graves erreurs contemporaines dans l’Eglise, à l’instar des papes d’avant Vatican II déjà nommés. Et cette attitude doctrinale, sans le moindre compromis, n’a pas changé d’un iota depuis sa fondation, est demeurée dans la droite ligne de celle de son célèbre fondateur, Mgr Marcel Lefebvre.
     
Ce qui pour autant ne signifie pas que tout y aille bien. Il n’a certainement pas échappé aux observateurs des événements publics de sa vie interne qu’elle a même un talon d’Achille : s’il n’est assurément pas doctrinal, il est, en revanche, disciplinaire (application juste de la doctrine), à commencer par la difficulté de son positionnement à l’égard de Rome, inhérente à son état de résistance (légitime). Cette question a posé problème depuis son origine, a causé des troubles et même des scissions récurrents : avec principalement les « sedevacantistes » (années 70 et 80), les « ralliés » (fin années 80 et suivantes) et récemment les « résistants », opposés à toute régularisation de la situation canonique par la Rome actuelle, considérée comme se jeter dans la gueule du loup. Sa ligne de conduite a toujours été de ne rien refuser de celle-ci tant que cela ne compromet pas l’intégrité de la foi et de la morale (danger estimé réel en 1988), ce qui n’est rien d’autre que le pur esprit de l’obéissance due envers toute autorité reconnue comme légitime ; et ce qui est logique, de sa part, puisqu’elle a toujours reconnu comme telle tous les derniers papes en rejetant le sedevacantisme. Là aussi elle semble demeurée saine par sa fermeté à reprendre, menacer, voire exclure, ses propres membres s’opposant publiquement à ses décisions sur cette question.
     
Gageons (et prions fort) qu’elle continue à l’être durant son chapitre tout proche, préservé de tout vent de folie, et dans la personne de son futur supérieur général! 

dimanche 4 mars 2018

« Les animaux malades de la peste » [1] au XXIème siècle

« Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste [puisqu'il faut l'appeler par son nom]
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. »
Une nouvelle peste est décrite dans un dossier complet paru dans Valeurs Actuelles de décembre dernier. Dossier courageux car ose briser le tabou consensuel et habituel sur le sujet abordé. Il honore donc cette revue.

Le mal mortel, qui y est décrit, est avant tout moral : la pornographie! 
  
L’Achéron, fleuve des enfers de la mythologie grecque, équivaut donc à l’Enfer des chrétiens ou de ceux qui y croient encore et auxquels il inspire, à juste titre, la plus grande mais salutaire terreur [2].

Que Dieu abandonne à ce point les hommes d’aujourd’hui à ce vice peut être considéré comme un châtiment et l’un des pires puisque pas seulement les corps sont frappés, comme par la peste, mais surtout les âmes, mettant en grand danger leur salut éternel. 

Qu’il y ait de nos jours des crimes à punir et qui crient même vengeance au Ciel, est une évidence : l’avortement, le « mariage pour tous » et les autres négations de la loi naturelle auxquelles il faut malheureusement ajouter celles de la loi surnaturelle, notamment avec la nouvelle pastorale papale en faveur des divorcés remariés (illégitimement)…

« Tous étaient frappés » : « à l’école, sur internet, dans les familles… », sous-titre notre hebdomadaire pourtant pas toujours foudre de guerre!
« On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient.
Plus d'amour, partant plus de joie. »
D’où vient cette perte de goût des choses ordinaires de la vie ? C’est le propre d’une addiction que de dévorer ainsi énergie et temps. Comment se contracte-t-elle ? Par ignorance, voire par mépris, des recommandations des bons auteurs spirituels [3], unanimes à dire que l’inclination naturelle à la luxure, séquelle universelle [4] du péché originel, est si forte que la seule parade efficace est autant que possible la fuite des occasions dangereuses (avec la prière concomitante). Toute présomption en la matière se paie cash et cher (à tout point de vue) !
« Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse. »
Telles devraient être les paroles de sagesse de tout clerc et même de tout gouvernant dignes de ce nom, devant normalement rechercher le bien véritable de leurs sujets ! Il n’en est pour ainsi dire rien. Au contraire :
« Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints. »
Est bien vrai le proverbe : « nul ne peut être (bon) juge (déjà de soi même) et partie » !... Ainsi que l’adage : « à force de ne pas agir comme on pense, on finit par penser comme on agit » ! Perversion volontaire des consciences qui a fait les pires hypocrites, les pharisiens d’hier et les libéraux ou libertaires d’aujourd’hui, se permettant tout mais accablant et persécutant ceux qui, au nom de la morale, savent s’interdire non, certes, sans faiblesses:
« L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
A l’époque du fameux fabuliste ou dans le doux royaume de France d’alors, tout « honnête homme » un tant soit peu instruit ou toute « tête bien faîte » était profondément imprégnée de bonne doctrine et avait la foi catholique, même si non exemplaire en tout point. On savait donc qu’en tout temps Dieu exigea des victimes expiatoires et des boucs émissaires. Et parmi les plus innocents comme l’agneau pascal. Car, s’Il est infiniment miséricordieux ou toujours prêt à pardonner, ce n’est pas sans exiger une réparation, à commencer par le repentir sincère du cœur. L’âne en est une belle figure et Jésus-Christ en est la plus parfaite réalisation [5], condamné de la façon la plus inique par ceux que l’on sait. Mais en réalité condamné à notre place par Dieu afin de mériter, grâce à son innocence parfaite, et d’appliquer le pardon de leurs crimes aux hommes malgré tout de bonne volonté. Puissent ils être nombreux par les temps si corrompus qui courent! 

Puissent ELLES aussi être nombreuses ! Car, s’il est vrai que la corruption dont nous parlons fut longtemps l’apanage du premier sexe, en qui « la concupiscence est plus grande » [6], les enquêtes récentes montrent qu’il n’en est plus rien. Le vrai visage d’un certain féminisme est ainsi découvert : l’envie, autre grand vice, est sa motivation ! Mais l’envie la plus basse, de ce qu’il y a de pire comme le libertinage. D’où toutes les « avancées » pour « libérer » la femme de la maternité (contraception, avortement), son travail naturel, et encourager le travail hors du foyer familial qui le favorise. Belle avancée, merveilleux progrès sera ce que d’avoir bientôt non seulement des Mmes Putiphar [7] mais aussi des violeuses en série et des « Barbes Bleues » [8] !!

Quand Notre Dame dit que ce vice est celui qui entraîne le plus d’âmes en Enfer [9], les faits semblent malheureusement le confirmer. Bon Carême !


  1. de Jean de La Fontaine (1621-1695), Les fables - Recueil II, livre VII 
  2. un seul péché mortel non regretté et non confessé suffit à y faire tomber pour l’éternité /3/ 
  3. fidèles à l’Evangile : « si ton œil est pour toi un sujet de scandale (…) jette le loin de toi etc. » (Mathieu, 17)
  4. comme tous les péchés capitaux au nombre de sept 
  5. ce que doit aussi être tout vrai chrétien en union avec J.C. : selon les capacités de chacun
  6. St Jean Chrysostome, homélie 34 sur la Ière Epître aux Corinthiens
  7. la femme de l’eunuque du pharaon qui chercha à séduire le patriarche Joseph (Genèse, 39) 
  8. comment ne pas voir un rapport de cause à effet entre ce qu’offre notamment internet (en pornographie et en violence extrême) et la multiplication effrayante des crimes les plus crapuleux, horribles, lâches et abjects ?! 
  9. même s’ils sont en soi moins graves que les péchés de l’esprit